Si les piscines ont moins bonne presse, le groupe en vend toujours plus qu’avant la crise sanitaire. Et surtout, il est plus rentable qu’avant.
Parmi les petites valeurs, pour beaucoup à la traîne à la Bourse de Paris , Piscines Desjoyaux ne fait pas exception en se traitant vers 12€. Soit bien loin du sommet proche de 32€ marqué en août 2021.
Si les critiques environnementales peuvent peser sur l’image des piscines, les fondamentaux sont également en retrait. Après que «l’effet Covid» a dopé les ventes, l’activité se contracte depuis le second semestre de l’exercice décalé 2021/2022 (- 8,2%, à 89,2 millions d’euros).
Cette tendance s’est renforcée ensuite, lors du 1er semestre 2022/2023, qui courait de septembre à février : sur cette période, a indiqué le groupe vendredi dernier, les ventes de 61,5 millions d’euros ont reculé de 13,6%. Celles réalisées en France (environ 66% du total) ont cédé 8%, quand l’export (le solde) pliait de 22,7%, «notamment avec le contexte géopolitique en Europe de l’Est qui impacte fortement l’activité sur des marchés très porteurs, comme l’Allemagne».    

Recul de la marge, mais pas de la trésorerie nette De ce fait, la dégradation des comptes s’est poursuivie : écornée de 430 points de base en 2021/2022 à 17,5%, la marge opérationnelle de Piscines Desjoyaux s’est de nouveau réduite de 550 points de base lors du dernier semestre, à 13,9%. Et le bénéfice net de reculer de 38,6%, à 6,3 millions d’euros.
Quid de la génération de trésorerie ? Elle résiste autrement mieux : la capacité d’autofinancement (CAF) semestrielle ressort à 11,1 millions d’euros, soit presque autant qu’à fin février 2022 (13,4 millions) et fin février 2021 (11,9 millions). De ce fait, la trésorerie nette reste positive, le groupe ayant donc plus de cash sur ses comptes qu’il n’a de dette, ressort à 35,2 millions d’euros, à fin février dernier.
Un chiffre supérieur à ceux d’un an (33,7 millions) et deux ans plus tôt (18,7 millions) qui représente presque 4€ par action. Même si début mars, un dividende (2021/2022) de 1€ par action a été payé, la génération de cash n’a probablement pas cessé ensuite.

Le redressement des marges, une priorité
Et maintenant ? La direction se déclare «prudente en ce contexte inflationniste et compte tenu de la géopolitique». Elle ajoute qu’elle «travaille à la reconstitution des marges» en modernisant et en automatisant ses activités logistiques et industrielles, la fabrication de matière plastique, voire en intégrant «des métiers amonts susceptibles de créer de la marge opérationnelle supplémentaire».   Notre conseil sur PISCINES DESJOYAUX : SURVEILLER
Jusqu’à l’été 2021, «l’effet Covid» sur l’amélioration de l’habitat a profité au groupe, coïncidant d’ailleurs avec le record de l’action : au second semestre 2020/2021, Piscines Desjoyaux a ainsi construit plus de 7 000 bassins (rapporté en équivalent 8 x 4 mètres), un record très supérieur aux niveaux d’avant la crise sanitaire, plutôt de l’ordre de 4 200 unités par semestre. Et maintenant ? Ces deux derniers semestres sont marqués par la normalisation, mais le nombre de bassins construits dépasse toujours d’une tête les 5 000 unités. De plus, lors des 1er semestre 2017/2018 et 2018/2019, la marge opérationnelle était légèrement négative dans le premier cas, et de 5,8% dans le second. Malgré un contexte moins favorable, le groupe est plus rentable qu’avant-crise, sa génération de cash est sensiblement plus élevée (elle était de l’ordre de 10,5 millions lors des deux semestres précités). Le groupe a donc largement les moyens d’investir pour améliorer sa rentabilité. Si nous ajustons notre objectif de 22 à 20€, le dossier nous semble présenter un potentiel significatif. Et ce d’autant plus que la saisonnalité de l’activité est marquée pour ce groupe, dont le second semestre, qui concentre l’essentiel de la belle saison, est plus fort que le premier. Dans cette perspective, on guettera un passage sous 11,50€ pour renforcer ce titre peu valorisé. Cours à date du conseil: 12,20€
Objectif de cours: 20€ soit un potentiel de 63,9%
Profil d’investisseur: investisseur averti, PEA
Horizon d’investissement: 12 mois Article paru dans Le Figaro le 28/06/2023
Journaliste : Emmanuel Gentilhomme