STRATÉGIE. L’entreprise familiale française, experte en conception et fabrication de piscines, multiplie les investissements. Plus d’innovation et d’indépendance, c’est ce que recherche cette ETI qui fait face à l’inflation et à la crise énergétique.

   

« La recherche et le développement sont l’un des moteurs de croissance du groupe ». Par ces mots, le président de l’entreprise française Piscines Desjoyaux, Jean-Louis Desjoyaux, annonce la création d’un nouveau centre de R&D sur son site industriel de La Fouillouse, près de Saint-Étienne. Ce nouvel atelier, de 10.000 m², ouvrira à la fin de l’année 2023 et sera une extension des bâtiments existants. Un programme à 20 millions d’euros sera développé, notamment pour automatiser sa ligne de presses à injection. Une autre enveloppe de 20 millions d’euros servira à financer un centre de traitement de déchets ménagers dans la région. « Le polyéthylène et le polypropylène, deux matériaux que nous utilisons à hauteur de 5.000 tonnes par an, seront notamment triés », explique à Batiactu le porte-parole de l’ETI familiale. L’entreprise, cotée en bourse et dont le chiffre d’affaires a atteint 160,5 millions d’euros en 2022, projette de continuer de recruter, malgré une production « très automatisée ». « Les investissements prévus vont permettre la création d’une vingtaine d’emplois » , estime le dirigeant. Piscines Desjoyaux compte, en effet, embaucher un chef d’atelier, ainsi que des opérateurs et ingénieurs. Au total, 25 personnes se consacrent à la R&D au sein de cette société, qui investit trois millions d’euros par an dans ce département. « Création de nouvelles palettes en plastique réservées au transport et consignées, recherche d’indépendance vis-à-vis de la Chine sur certains matériaux… Les secteurs de recherche sont multiples. Nous explorons également le segment du bien-être en piscine, en imaginant des bassins ludiques équipés de jets de massage, par exemple ».  

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Ralentissement du marché
Jusqu’à l’invasion de l’ Ukraine par la Russie , le marché de la piscine connaissait un essor exceptionnel. En 2021, le chiffre d’affaires du secteur avait progressé de 32% et marquait la sixième année de croissance consécutive, selon la Fédération des professionnels de la piscine. La crise économique a, depuis, fait bouger les lignes.  » Le marché s’est tassé « , remarque Jean-Louis Desjoyaux.  » Notre marge s’est légèrement dégradée en 2022, de cinq millions d’euros.  » Malgré des prévisions de l’Institut national de la statistique (Insee), qui annonce une potentielle baisse de l’inflation à 5% en juin, les entreprises du secteur devraient, en 2023, nager en eaux troubles. Quarante pour cent des ventes du pisciniste viennent de l’étranger. « Notre entreprise est 100% française. Tout est produit et fabriqué sur notre site industriel », affirme le porte-parole, qui exporte sa marchandise dans 80 pays. Si ses activités  » se portent bien  » en Italie , ce n’est pas le cas en Allemagne . Piscines Desjoyaux s’attend à voir ses recettes diminuer de 30% outre-Rhin en 2023, «notamment du fait de la crise en Ukraine ». « C’est en France que notre chiffre d’affaires va le mieux, nous tenons le coup », précise-t-il, rassurant. Pour répercuter les tensions inflationnistes, sa société a dû, « comme tout le monde », augmenter ses prix.  « Depuis le début du conflit en Europe de l’Est, nos tarifs ont crû de l’ordre de 20% en moyenne ». « L’entreprise a également pris la décision de réintégrer certains produits sous-traités ailleurs dans sa chaîne de production ».

Face à une inflation galopante et à une crise de l’énergie qui fait trembler l’Europe, Piscines Desjoyaux s’est adapté. « L’ensemble de notre parc de machines a été changé. Une enveloppe de 10 millions d’euros nous a notamment permis d’acquérir de nouvelles presses à injection, qui consomment 30% d’électricité en moins que celles que nous avions », raconte le dirigeant. Tous les bureaux de l’usine ont été isolés, l’éclairage a été changé pour des luminaires Led et les chaudières gaz vont être prochainement remplacées par des chaudières à bois. En outre, le siège et les ateliers de fabrication seront autonomes en électricité à l’horizon 2025, grâce à l’installation de 5.000 m² de panneaux solaires. Article paru dans Batiactu
Lilas-Apollonas Fournier